
Un homme peu banal que Paul Passy (pɔl pasi) : explorateur du Yellowstone où il rencontre le président des États-Unis, créateur de l’alphabet phonétique international, animateur du mouvement socialiste chrétien, fondateur d’une communauté agricole, techno-critique proche de la nature…
J’ai adoré regrouper ces éléments biographiques, largement tirés des Souvenirs d’un Socialiste Chrétien, écrit par Paul Passy entre 1930 et 1932 [1],[2], de son livre Dans le Far-West américain [3], ainsi que d’autres sources référencées dans le corps de l’article, parmi lesquelles sa notice Wikipedia [4] et l’excellent article de J.-F. Martin, « Paul Passy, socialiste chrétien et phonéticien », paru dans L’espoir du Monde en 2006 [5], duquel j’ai repris de larges extraits.
La famille de Paul Passy
Paul Passy est né le 12 janvier 1859 à Versailles. Il est le premier fils du lauréat du prix Nobel de la paix, Frédéric Passy. À sa naissance, il a 4 grandes sœurs, et la fratrie s’agrandira par la suite de trois frères, Pierre, Jacques et Jean. L’éducation des enfants chez les Passy est une affaire de famille : les parents s’occupaient personnellement de l’instruction de leurs enfants, secondés par des professeurs à domicile et par des institutrices étrangères demeurant dans la famille.

Paul Passy bénéficie donc d’une ambiance éducative peu banale, faisant ses études avec ses parents jusqu’à l’âge de 17 ans. Il parle alors déjà plusieurs langues (anglais, allemand, italien). Il va au collège Sainte Barbe pour préparer le baccalauréat en sciences et en lettres, qu’il obtient en 1873, à l’âge de 16 ans.
Il se marie le 12 avril 1886 à Neuilly-sur-Seine avec Edith Ivatts. La santé d’Edith est fragile et le couple ne peut avoir d’enfants. Il adoptera trois enfants orphelins : Paul-René Chapont adopté vers 1895 à l’âge de 5 ans et demie; Sela-Fébé Cattaneo dite Sila, adoptée en 1913 à l’âge de 8 ans et sa sœur Clelia, adoptée pendant la guerre, toutes deux originaires de Saint Pierre d’Arena en Italie [2].

Paul et Edith ont résidé une dizaine d’années à Neuilly, dans la « colonie familiale » organisée par Frédéric Passy, puis à partir de 1896 dans un petit pavillon du 20, rue de la Madeleine (aujourd’hui rue Jean Roget Thorelle) à Bourg-la-Reine. De 1909 à 1918, il vivra quelques années à la ferme de Fays-Bas, commune de Saint-Usage (Aube), en alternance avec son domicile de Bourg-la-Reine.
Paul Passy : marcheur infatigable, proche de la nature
Paul Passy, comme son père, est un grand marcheur. Dans ses Souvenirs d’un Socialiste Chrétien, il vante son amour de la randonnée.
« me sentant devenir excellent marcheur, je rêvais de voyages à pied, sac au dos, suivant le système préconisé par J.-J. Rousseau <…> Rien de plus charmant que de voyager à pied, sans autre bagage qu’un sac montagnard. Oh ! sans doute, il pèse parfois lourd, le sac, il vous entretient dans le dos une tartine de sueur qui n’est pas toujours agréable. Mais aussi quelle jouissance d’avoir ainsi tout avec soi, d’être indépendant de tout et de tous, de pouvoir vaguer au gré des fantaisies, aller à droite ou à gauche, s’arrêter quand on en a assez, prolonger la course si on n’est pas fatigué, changer son itinéraire à volonté ! » [1]
Paul Passy, Souvenirs d’un Socialiste Chrétien
Accompagnant son père en 1881 en Algérie, à l’occasion du congrès de l’association française pour l’avancement des sciences, il explore le Djujura à pied, et mène même un raid pédestre de plus de 320km en plein désert, de Biskra à Batna [1].
Deux ans plus tard, en 1883, il fait un voyage aux États-Unis, effectuant un périple pédestre de 200km utour du Yellowstone, pendant lequel il manque de se perdre dans les badlands du Wyoming. Il racontera son voyage et ses aventures dans un livre, Dans le far-west américain [3].
Rufus Hatch [1]Rufus Hatch (1832-1893) connu sous le nom de « Oncle Rufus », était un financier et un promoteur. En 1854, il est négociant en céréales chez Armstrong & Co. de Chicaco et devient membre … ...Lire la suite, un américain alors président de la Yellowtone Park Improvement Compagny invite un groupe composé de 30 européens et de 50 américains, tous frais payés, à visiter le parc national du Yellowstone, qui a été créé en 1872. Dans la plus pure tradition du Tour du monde en 80 jours, il leurs donne rendez-vous « en tenue de touriste au Fifth-Avenue-Hôtel, New-York, le 10 août 1883, à sept heures du malin, et ajoute qu’à partir de ce jour, de cette heure, on était son invité, et qu’il se chargeait de tout ».
Paul Passy voyage sur l’Adriatic, un paquebot de la compagnie White Star. Il est en compagnie d’un autre français, le Baron Albert Salvador. Ce dernier livrera plusieurs articles au Figaro (25 septembre 1883, 17 octobre 1883).

Le paquebot part de Liverpool, fait escale à Queenstown, petit port du sud de l’Irlande, et fait route ensuite vers New-York. Le groupe est accueilli « par une réception princière que nous fit M. Hatch splendide hôtel de Fifth Avenue ».

Le 10 août, comme promis, tous prennent place dans un train spécial composé de huit wagon Pullman-palacecars, avec deux wagons-lits (un pour les dames et un pour les messieurs, un wagon-salon de lecture et de conversation, un wagon-restaurant, un wagon pour les bagages, promenoir. Le soir même le train atteint Buffalo, et les voyageurs visitent les chutes du Niagara, quelques jours après la tragique noyade du Capitaine Webb, premier homme à traverser la manche à la nage, et qui ne survécu pas à sa tentative de franchir les rapides du Niagara à la nage.

Le lendemain, dimanche 12 août, Paul Passy entreprend seul une randonnée d’une douzaine de km pour se rendre à la réserve indienne des Tuskaroras, une des tribus de la confédération des Iroquois. Il y fait la connaissance de John Mount Pleasant et de sa famille, en particulier l’un de ses neveux Frank Mount Pleasant avec lequel il lit l’Anabase de Xénophon en grec !


Après quelques jours passés aux chutes du Niagara, le train spécial repart pour Chicago, où les voyageurs sont installés dans l’hôtel Palmer House. Les voyageurs visitent la ville et sont impressionnés par le modernisme de la caserne de pompiers, des abattoirs et des usines de la compagnie Pullman, qui fabrique justement les wagons dans lesquels ils voyagent.

Paul Passy vante le « modèle social » de l’entreprise Pullman :
MM. Pullman ont voulu faire de leur établissement une ville véritable modèle, un ville d’où le mal et la misère seraient bannis autant que faire se peut dans ce monde. Pour cela, ils ont commencé par transformer tous leurs ouvriers en propriétaires. Chacun devient propriétaire d’une petite maison et d’un petit jardin. Puis on a organisé, de la manière la plus intelligente et la plus pratique, tout ce qui peut contribuer à l’agrément de la vie et à la moralité des travailleurs : une église fondée sur la base large et solide de l’alliance évangélique, des écoles dirigées par des excellents maîtres, un théâtre charmant où ne se joue que des bonnes pièces, une bibliothèque gratuite, avec plusieurs milliers de volumes soigneusement choisis, des salles de lecture et de divertissement, un hôpital, une maison commune…
Paul Passy, Dans le Far-West américain

Quittant Chicago, les voyageurs entament un périple de huit jours en train, traversant successivement les états de l’Iowa, du Minnesota, du Dakota et du Montana, et s’arrêtant de proche en proche à Minneapolis, Fargo, Bismarck, Mandan, Dickinson, Little Missouri, puis Livingston.
À Minneapolis, Paul Passy quitte le groupe pour aller visiter les chutes de Minnehaha. Il se perd dans la forêt et ne doit le salut qu’à la rencontre de panneaux publicitaires pour un cordonnier de Minneapolis !
Dans les grandes plaines, il visite une grande ferme de 6500 hectares, possédée par Oliver Dalrymple. Paul Passy remarque à quel point l’agriculture est plus mécanisée qu’en France : « on moissonnait justement à notre arrivée, mais pas à la faux, bien entendu : ici la main d’œuvre est trop chère. Tout se fait à la vapeur : labour, ensemencement, battage, vannage… »

L’expédition parvient enfin au pied des montagnes Rocheuses à l’entrée du parc national du Yellowstone. La première reconnaissance de cette région n’a eu lieu que 13 ans plus tôt, en 1870, quand l’expédition du général Washburn explora la vallée sur laquelle courrait des récits fantastiques rapportés par quelques trappeurs canadiens qui l’avaient parcourue. Les descriptions rapportées par cette expédition furent si remarquables que le congrès décida, dès 1872, de classer cette région qui devint dès lors le premier parc national créé dans le monde.

L’expédition parcourt 12 km à partir de la station d’arrêt du train pour rejoindre Mammoth Spring. Elle y prend quartier pendant six jours dans l’hôtel National, qui vient d’être construit et n’est pas encore terminé. Paul Passy décrit l’ambiance de Far West qui y règne
Nous nous réconfortons dans une vaste salle ornée de cornes d’élan, de bison, de mouflon, de têtes d’ours et de lion des montagnes. L’hôtel où nous sommes installés est un vaste bâtiment en bois, commencé au moi de mai de la même année, et encore inachevé. Un assez grand nombre de touristes y coudoient des montagnards, des guides, des chasseurs, des backswoodmen toujours armés qui s’installent, avec le sans-gêne le plus parfait, sur les chaises de terrasse… il y a des billards, mais pour le moment il est défendu de s’en servir, parce que ces honnêtes montagnards aiment à entremêler leurs parties de coups de couteau ou de revolver, ce qui pourrait effrayer les dames.
Paul Passy, Dans le Far-West américain

Une fois reposés, les visiteurs découvrent les attractions locales, les concrétions du Liberty Cap et les marble terraces et explorent sagement les environs de l’hôtel.

Fidèle à son habitude, Paul Passy part un jour très tôt, seul, et se met en tête d’escalader une montagne qu’il voit au loin. Ayant sous-estimé la difficulté et n’ayant rien emporté à manger, il est obligé, sur la route du retour, de pénétrer dans une cabane de trappeurs et de s’y nourrir de biscuits, viande et café trouvé sur place. Quand les propriétaires arrivent, il offre de payer son repas mais se voit opposer les principes d’hospitalité alors en vigueur dans l’ouest américain « vous ne connaissez pas les gens de l’Ouest, monsieur, lui dit un de ces hommes… tout ce que nous avons est à votre disposition ». Il apprend de leur bouche qu’il vient de faire l’ascension du Quadrant Mountain un sommet de 3034m.
Quelques jours plus tard, divisée en trois groupes afin de faciliter la traversée du parc, l’expédition entame un périple sur d’anciens sentiers indiens, pour certains à pied, pour d’autre dans des charrettes attelées de quatre mules. Elle visite le grand Geyser Norris, à 90km au sud de Mammoth Spring, puis rejoint le bassin de geysers du « Vieux Fidèle » ?


À cet endroit, la plus grande partie du groupe, fatiguée par cette aventure, décide de revenir vers Mammoth Spring. Paul Passy convainc une petite troupe d’une dizaine de voyageurs intrépides de partir vers l’est, accompagné d’un guide, afin de visiter le mont Washburn et le grand canyon du Yellowstone. Paul Passy est particulièrement impressionné par le canyon : « des rochers plus variés encore que ceux des mauvaises terres s’élèvent au fond de cet abîmé en forme d’aiguilles, de tours, de tourelles, de colonnes gothiques, de clochers, de dômes, ou bien encore de grandes murailles perpendiculaires ou de pentes abruptes qui s’adoucissent légèrement en arrivant en haut . Et quelles teintes ! Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel s’y mêlent harmonieusement : elles sont parfois si brillantes qu’un peintre serait embarrassé de les reproduire sur sa palette. Le rouge et leur jaune surtout abondent, mais il y a aussi du bleu, du vert et du noir. Des parties blanches comme la neige se détachent au milieu de cet ensemble fantastique. L’œil ne se lasse pas de contempler ces merveilles, l’imagination s’y perd et l’âme entière, transporté d’admiration, élève un hymne de louange vers le Créateur. »
Ce grand tour de près de 180km accompli, l’expédition croise fin août celle du président des États-Unis, , qui termine lui-même avec une dizaine d’invités (et un détachement de 75 tuniques bleues pour les protéger), un périple d’un mois. Pendant quelques jours, il y eut alors échange de réceptions entre les deux expéditions.

Mais, pour Paul Passy, l’aventure ne se termine pas là. Il se joint alors au capitaine Hayes, qui commandait l’escorte du président Arthur, et entame une exploration des monts Soshonnes, un pays sauvage encore très mal cartographié. Le 11 septembre, ce groupe se trouve encore à trois jours de marche de Wakashi, quand Paul Passy décide de partir seul, sur une piste mal tracée, en direction de Washaki, d’où il espère prendre une diligence pour rejoindre l’arrêt de train de Green River. Mais il se perd dans les mauvaises terres, manquant de mourir de faim. Il trouve au bout de quelques jours une cabane de cow-boys et y trouve la nourriture dont il avait besoin. Il finit par croiser des cow-boys, qui lui prêtent assistance, puis repart seul, manquant de se noyer en traversant une rivière, et finit par rejoindre Wakashi, « meurtri et ensanglanté », après une odyssée de près de 200 km seul dans les mauvaises terres.

Paul Passy laisse transparaître son âme d’aventurier dans ces quelques mots
Certes, tout n’avait pas été rose pour moi dans cette exploration des montagnes rocheuses. Et pourtant, le croirait on, quand j’aperçus au loin une locomotive, emblème de la civilisation. J’éprouve un sentiment d’indéfinissable tristesse. Ah ! c’est qu’elle avait bien son charme, cette existence aventureuse, cette vie dans la montagne avec ses dangers, ses souffrances et ses angoisses, mais aussi ses grandes beautés naturelles, ses fortes émotions et la rude de hospitalité de ces sauvages habitants.
Paul Passy, Dans le Far-West américain
Une carrière de linguiste, la phonétique au service de la paix
Sur le plan professionnel, Paul Passy se trouve peu à peu. Il est d’abord engagé comme professeur de langues (anglais, allemand) à l’École Normale Protestante de Courbevoie[2]Les diverses sociétés d’évangélisation qui naissent à partir des années 1830 ouvrent des écoles partout où elles font œuvre d’évangélisation. En France, la Société Évangélique … ...Lire la suite en 1878-1879 puis à l’École Normale d’Auteuil de 1879 à 1889.

Paul Passy prend alors conscience de la faiblesse des méthodes d’enseignement des langues vivantes. De 1879 à 1885, il poursuit une auto-formation en phonétique (Henry Sweet, Édouard Sievers, Wilhelm Viëtor, Otto Jespersen, etc.). Élève à l’École des Hautes Études, il étudie le sanscrit, et suit les cours de Ferdinand de Saussure[3] entre 1885-1887 (gotique et vieux allemand).
Avec un petit groupe de professeurs de linguistique, il fonde en 1886 à Paris l’Association fonétique des professeurs d’anglais, qui se transforme ensuite en l’Association phonétique des professeurs de langue vivante, puis en Association phonétique internationale (API)[4]. Il milite aussi pour une simplification de l’orthographe avec Les sons du français, leur formacion, leur combinaizon (1887).

Il est auteur de l’Alphabet Phonétique International (API), dont la première version est publiée en 1988 et dont il promeut la diffusion, et fondateur de la revue du Maître Phonétique.
Paul Passy intervient au quatrième Congrès philologique scandinave (Copenhague, 18-21 juin 1892. Avec d’autres jeunes phonéticiens réformateurs (August Western et Otto Jespersen), il y défend ses idées contre les attaques ou le scepticisme des traditionalistes [8]. Il est (à cette occasion ?) fait chevalier de l’ordre danois de Danebrog [9].

Il soutient son Doctorat-ès-Lettres en 1890 (thèse principale : Étude sur les changements phonétiques et leurs caractères généraux ; thèse secondaire : De Nordica Lingua quantum in Islandia ab antiquissimis temporibus mutata sit).
Il enseigne à partir de 1894 comme maître de conférences, section d’Histoire et de Philologie, à l’École des Hautes Études, dont il devient directeur adjoint en 1897 jusqu’à sa retraite en 1926 (excepté la période 1914-1917 où il fut révoqué en raison de ses opinions pacifistes). Parmi ses élèves, on trouve Daniel Jones, un phonéticien britannique, qui étudiera avec lui en 1905-1906.


Paul Passy est donc un acteur clé des débuts de la phonétique expérimentale. Il intègre la phonétique dans son activité de socialiste chrétien. Il est convaincu que l’on peut promouvoir la paix en favorisant les échanges entre les peuples : la phonétique est un moyen de faciliter l’apprentissage des langues vivantes.
Il fait œuvre de pionnier en acceptant des étudiantes dans ses cours. Il milite également contre l’élitisme du français et publie régulièrement dans « L’Espoir du Monde » des chroniques en orthographe simplifiée.
Du protestantisme au baptisme (1878-1903)
Paul Passy connaît, en 1878, une conversion évangélique et se rattache au baptisme. Durant une quinzaine d’années, il s’investit comme auteur, prédicateur, évangéliste dans les églises baptistes. Il participe à des œuvres d’évangélisation populaire : l’école du dimanche, l’Armée du Salut, la Mission Mc All, future Mission populaire évangélique de France [3]La Mission populaire est née de la rencontre d’un pasteur protestant écossais Robert MAC ALL (1821-1893) et des ouvriers du quartier de Belleville à Paris en 1871, peu après la fin de la … ...Lire la suite.
Il écrit dans L’Écho de la Vérité, journal des baptistes français, et y souligne l’importance de la question sociale :
Moi qui suis depuis longtemps socialiste et révolutionnaire sans restriction, je ne peux que me réjouir de voir des chrétiens, en nombre grandissant, entrer dans la même voie. (…) Mais si on venait à donner dans l’Église, plus d’importance ou autant d’importance à la question sociale qu’à celle de la conversion individuelle, alors ça ne serait plus de la fidélité, mais de l’apostasie.
Paul Passy
Quelques années plus tard, tout en restant protestant, il quitte le baptisme, déçu par les divisions internes qu’il y a observées.
Dans ses Souvenirs d’un socialiste chrétien, il écrira [1] : « Sans doute j’ai rencontré chez les Baptistes plus de fidélité doctrinale, une vie religieuse plus intense, plus de zèle pour le salut des âmes, que par exemple chez les protestants réformés. Mais d’autre part, j’ai été péniblement impressionné par des rivalités de personnes et de partis, atteignant parfois une acuité extraordinaire, donnant lieu à des accusations extravagantes et servant de prétexte à des scissions absurdes. Somme toute, j’ai été amené à penser qu’il devait y avoir quelque chose d’erroné dans le principe même de ces Églises. »
Du christianisme social au socialisme chrétien
Paul Passy est considéré comme une des figures de proue du christianisme social français[5].
De son voyage en Algérie en 1881, il retire « la conviction que le colonialisme… est tout simplement du brigandage ; et un brigandage particulièrement odieux parce qu’hypocrite » [1]. Il publie en 1896 un petit opuscule pour dénoncer le premier génocide arménien [4]Les massacres Hamidiens, de 1894 à 1896, constituent le prélude, la première série d’actes criminels de grande ampleur perpétrés contre les Arméniens de l’Empire ottoman. Ils … ...Lire la suite

Il se convainc de la nécessité d’un changement politique et social et adhère au parti socialiste en 1897. En pleine affaire Dreyfus, il est un des premiers adhérents de la Ligue des droits de l’Homme crée en 1898.
Refusant le matérialisme historique du marxisme, réservé sur le thème de la lutte des classes, il se définit plutôt comme un « collectiviste libertaire » : chacun doit avoir le même accès aux moyens de production (propriété collective du sol principalement). Mais il s’oppose à l’organisation bureaucratique de la production : le rôle de l’État doit se limiter à protéger les faibles contre les plus rusés.
Il fonde, avec son ami Raoul Biville, « L’Éveil, Union fraternelle des chrétiens primitifs », communauté évangélique sans cléricalisme, qui a pour ambition de « restaurer le christianisme révolutionnaire de Jésus-Christ et des apôtres ». Les principes de base sont l’évangélisation, une vie morale parfaite (simplicité, pas d’alcool, pas de tabac) et la lutte contre les iniquités.
Malgré la difficulté d’afficher l’étiquette socialiste chez les chrétiens, et vice versa, Raoul Biville et Paul Passy fondent en 1908 « l’Union des socialistes chrétiens ». Les buts sont ainsi définis dans les statuts [5] : «… de faire pénétrer dans les Églises et autres institutions religieuses le message social de Jésus; de montrer que le socialisme est l’expression économique normale de la vie chrétienne; de montrer aussi quelle puissance de moralité, de désintéressement et de dévouement les disciples de Jésus peuvent apporter dans la lutte économique; de mettre fin à la lutte des classes en établissant la démocratie sociale; de hâter le règne de la Justice et de la Fraternité sur la Terre.»

Raoul Biville et lui créent aussi « L’Espoir du Monde », revue dans laquelle Paul Passy, éditeur en chef, publiera plus d’une cinquantaine d‘éditoriaux entre 1914 et 1921
LIEFRA, mise en pratique de l’économie socialiste (1909-1918)
C’est là sans doute l’œuvre la plus originale de Paul Passy . En 1908, son père ayant mis à sa disposition une somme de 50 000 Francs, il achète un domaine (2 fermes et 72 ha de terrain) à Fontette, dans l’Aube, et y met en place une expérience de collectivisme libertaire : propriété collective du sol, attribution, en proportion de la taille des familles, de lots exploités (agriculture, élevage) de façon indépendante. Il exclut donc l’exploitation collective et la direction centralisée qui briseraient le ressort de l’initiative individuelle. Il donne à cette œuvre le nom de LIEFRA (LIberté, Égalité, FRAternité). Un conseil élu par les membres (« colons ») règle les affaires générales, une bibliothèque assure des loisirs sains et des cultes évangéliques visent à la conversion des cœurs. L’expérience ne survit pas à la première guerre mondiale : le départ des hommes au front et le manque de capitaux ont raison de l’utopie. Avec l’aide de quakers, Paul Passy transforme alors LIEFRA en un asile pour enfants abandonnés, « Le Nid ». Reprise par une autre œuvre évangélique (L’Église du tabernacle), « le Nid » existe toujours. [5]



Débat sur le militarisme
Ayant hérité de son père une vocation pacifiste, favorable à une armée de milices défensives (de type suisse), Paul Passy publie en 1913 une série d’articles dans « L’Espoir du Monde », en réaction au projet de faire passer le service militaire de deux à trois ans. Il s’y dit prêt à prêcher la désertion en masse et même la « chouannerie des réfractaires », voire la grève générale, en cas d’adoption du projet, destiné selon lui à « garder indéfiniment nos enfants à la caserne pour les rendre prêts à tirer sur père et mère ». La Chambre des députés s’en émeut et Passy est révoqué pour trois ans de son poste de professeur à l’école pratique des hautes études. Leonhard Ragaz, l’un des fondateurs du mouvement socialiste chrétien en Suisse, l’élève au rang de martyr ! La loi est adoptée, les socialistes progressent nettement aux élections suivantes, mais ils ne parviendront pas à empêcher la guerre… Et Paul Passy lui-même, comme beaucoup de socialistes, considère dès lors que l’armée française est celle du droit, donc celle de Dieu.
Il encourage même son fils adoptif, mobilisé, à servir sur le front pour défendre la patrie, avec toutefois une réserve : « Fais-toi plutôt fusiller que de tirer sur des noirs défendant leur indépendance ou des grévistes revendiquant leurs droits ».
Les socialistes chrétiens romands, qui font partie de l’Union des Socialistes Chrétiens, sont largement antimilitaristes, et certains se rapprochent du bolchevisme, notamment dans le sillage de Jules Humbert-Droz. Les relations avec Paul Passy se détériorent et vont jusqu’à la scission. La constitution des partis communistes clarifie ensuite les positions : une Fédération des socialistes chrétiens se reconstitue en 1922 entre Français, Belges et Romands.
Paul Passy reste cependant critique : il considère le pacifisme de Pierre Ceresole comme de « l’enfantillage » et de « l’héroïsme mal à propos » dans un pays dont l’armée n’exige que quelques semaines de service et ne menace personne. Il reproche aussi à la Fédération romande sa tendance au syncrétisme : « Ils ne s’appellent plus socialistes chrétiens, mais socialistes religieux et voudraient que notre mouvement appuie cette poussée vers une religiosité soi-disant supérieure ». Ce point de vue s’est affirmé au congrès suisse de Neuchâtel en 1929, avec tant de brutalité qu’il a failli provoquer une nouvelle scission. Celle-ci a été évitée grâce aux vieilles amitiés personnelles. Mais la divergence subsiste. Dès lors le journal sera édité pendant quelques années en cahiers séparés : « L’Espoir du Monde » (rédaction française) et « Voies Nouvelles » (rédaction romande), « fraternellement » diffusés sous la même couverture. Paul Passy connaît, jusqu’à sa mort en 1940, des difficultés au sein du mouvement français, notamment à cause de sa méfiance à l’égard des communistes au temps du Front populaire. Il reste cependant rédacteur de « L’Espoir du Monde » jusqu’à l’interdiction du journal, par arrêté ministériel du 27 novembre 1939. [5]
Techno-critique et « naturiste »
Paul Passy critiquait certains aspects du machinisme, notamment plusieurs produits industriels et alimentaires qu’il estimait frelatés ou malsains.
Paul Passy a mené par exemple un combat, contre l’automobile. Il n’hésite pas, en 1913, à intituler une de ses conférences : « Contre la tyrannie des écraseurs et des capitalistes, pour le Christ et pour le peuple »! L’Espoir du Monde est truffé de brèves informations mettant en évidence ces dangers : « Tous les jours on signale, comme fait divers, l’écrabouillement de quelques malheureux par les autos. Mais voici un massacre plus sérieux : le 18 décembre, en Auvergne, une auto est simplement entrée dans un cortège de noces, 18 personnes sur 33 ont été renversées et blessées, entr’autres la mariée. On nous dit que ce n’est pas la faute du chauffeur, qui a été aveuglé par le phare d’une autre auto. Ce serait donc la faute de celle-ci. Plutôt, de l’infernale invention de l’automobile elle-même, ou mieux encore de la population assez bête pour la supporter ».
Peu après, Passy se fait un plaisir de citer Leonhard Ragaz, qui partage la même phobie : «Un socialiste enthousiaste de l’auto, c’est comme un pacifiste qui adore les canons.». [5]
Il fut aussi un adepte convaincu du naturisme. Roger Tabouin, né en 1921 et décédé en 2005 disait : « il y avait un vieux monsieur qu’on appelait le père Passy, il vivait au hameau des Fosses, tout nu dans les bois. C’était un sage car il professait : « plus j’en sais, plus je m’aperçois que je suis bête ! ».
Paul Passy, In memoriam
Paul Passy décède à Bourg-la-Reine le 29 octobre 1940, neuf ans après son épouse Edith. Aventurier, il fut l’un des deux premiers français à visiter le parc du Yellowstone. Linguiste, il a eu une contribution majeure à sa discipline et a été internationalement reconnu pour cela [13], [14], mais il n’a pas souhaité mener une carrière universitaire. Socialiste-chrétien, il s’est engagé pour son idéal et a essayé de le mettre en pratique en créant la communauté Liéfra. Fils ainé de Frédéric Passy, il lui a consacré une biographie « un apôtre de la paix », écrite en 1927 [15] ; toujours fidèle aux préceptes moraux enseignés par son père, il s’éloigna toutefois de ses positions religieuses et politiques.
Bibliographie : sources au sujet de Paul Passy
- P. Passy, Souvenirs d’un Socialiste Chrétien – Partie 1, Je Sers. 1930. [En ligne]. Disponible sur: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1421395h?rk=21459;2
- P. Passy, Souvenirs d’un Socialiste Chrétien – Partie 2, Je Sers. 1932. [En ligne]. Disponible sur: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k993656p
- P. Passy, Dans le Far-West Américain, Librairie populaire. Paris, 1897.
- Paul Passy (Wikipedia). http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Passy
- J.-F. Martin, « Paul Passy, socialiste chrétien et phonéticien », L’espoir du Monde, Bulletin des socialistes chrétiens, no 128, oct. 2006, [En ligne]. Disponible sur: http://www.frsc.ch/f/documents/SCEM128oct06.pdf
- F. J. Haynes, Journey through the Yellowstone National Park and Northwestern Wyoming. 1883. [En ligne]. Disponible sur: https://collections.library.yale.edu/catalog/2018440
- I. Olekhnovitch, « Les écoles protestantes en France de 1815 à 1880 », Théologie évangélique, p. 29‑37, 2007.
- E. Galazzi, « 1880-1914. Le combat des jeunes phonéticiens: Paul Passy », Cahiers Ferdinand de Saussure, no 46, p. 115‑129, 1992.
- R. Burnand, Qui êtes-vous, Annuaire des. Ehret, 1924. [En ligne]. Disponible sur: http://books.google.fr/books?id=k04SAAAAIAAJ&hl=fr&pg=PA588#v=onepage&q=passy&f=false
- R. Smith, « Paul Passy’s life and career, ». [En ligne]. Disponible sur: http://www2.warwick.ac.uk/fac/soc/al/research/collect/elt_archive/halloffame/passy/life/
- « La Mission Populaire évangélique », Le musée protestant. http://museeprotestant.org/notice/la-mission-populaire-evangelique/
- D. Chérouvrier, « LIEFRA, colonie agricole socialiste », Brienne le Château et sa région, 18 janvier 2012. https://brienne-aube.blogspot.com/2012/01/saint-usage-liefra-colonie-agricole.html (consulté le 3 juin 2022).
- J. Geddes, « In Memoriam Paul Passy (1859-1939) for its 80th birthday », Uniuversity of Wisconsin, 1943. [En ligne]. Disponible sur: http://hdl.handle.net/2027/wu.89099507287
- P. Delattre, « Paul Passy, or the Return to Elementals », Bookks abroad, vol. 16, no 3, p. 241‑246, Summer 1942.
- P. Passy, Un apôtre de la paix – La vie de Frédéric Passy racontée par son fil Paul Passy. 1927
Bibliographie : écrits de Paul Passy
- Paul Passy, Premier livre de lecture. Paris, 1884.
- Paul Passy, Le français parlé. Morceaux choisis à l’usage des étrangers avec la prononciation figurée. Heilbronn Henninger, 1886.
- Paul Passy, Les éléments d’anglais parlé. Paris: Firmin-Didot, 1886.
- Paul Passy, Les sons du français : leur formation, leur combinaison, leur représentation. Paris: Firmin-Didot, 1887.
- Paul Passy, Le phonétisme au congrès philologique de Stockholm en 1886. Rapport présenté au ministre de l’Instruction publique. Delagrave & Hachette, Paris, 1887
- Paul Passy, ‘Kurze Darstellung des französischen Lautsystems’ (in 3 parts). Phonetische Studien 1: 18–40; 115–30; 245–56, 1888.
- Paul Passy, Étude sur les changements phonétiques et leurs caractères généraux. Thèse (principale) pour le Doctorat présentée à la Faculté des Lettres de Paris; Prix Volnay 1891.Paris : Firmin-Didot, 1890.
- Paul Passy, De Nordica Lingua. Paris: Firmin-Didot, 1891.
- Paul Passy, La vérité sur l’Arménie, impr. de Lievens (Paris) 1896.
- Paul Passy, L’écriture phonétique. Exposé populaire avec applicatio, au français et à 137 langues ou dialectes, 1896.
- Paul Passy, Dans le Far-West américain, Librairie populaire, 1897.
- Paul Passy et Michaelis, Dictionnaire phonétique de la langue française, 1897.
- Paul Passy, De la méthode directe dans l’enseignement des langues vivantes. Paris: Colin. [supplément de la revue Le maître phonétique], 1899.
- Paul Passy, Phonétique comparée des principales langues européennes, 1907.
- Paul Passy, LIEFRA, Colonie Coopérative Agricole, Essai d’un régime social nouveau, Le Christianisme social, revue mensuelle, Mouvement français du christianisme social, 1909
- Paul Passy, lettre d’accompagnement du livre Le Luxe de Félix de Bethune, publications de l’action chrétienne et sociale, 1912.
- Paul Passy, Au bois dormant, roman social, 1914.
- Paul Passy, Un apôtre de la paix, la vie de Frédéric Passy, 1927
- Paul Passy, La phonétique et ses applications, 1929.
- Paul Passy, Souvenirs d’un socialiste chrétien, 2 vols. Issy-les-Moulineaux (Seine): Éditions ‘Je sers’. [Partie. 1, 1930; Partie 2, 1932]
Editoriaux de Paul Passy dans L’espoir du Monde
- Paul Passy, Liéfra, L’espoir du Monde, janvier 1914
- Paul Passy, La Blocardite, L’espoir du Monde, février 1914
- Paul Passy, Assassins de nos fils, L’espoir du Monde, mars 1914
- Paul Passy, Aux chrétiens non socialistes, L’espoir du Monde, avril 1914
- Paul Passy, Pour aider Liéfra, L’espoir du Monde, mai 1914
- Paul Passy, Vous n’aurez pas nos gas !, L’espoir du Monde, juin 1914
- Paul Passy, Le Christianisme et le Socialisme, L’espoir du Monde, janvier 1915
- Paul Passy, Renouveau nécessaire, L’espoir du Monde, septembre 1915
- Paul Passy, Soldat de Dieu, L’espoir du Monde, octobre 1915
- Paul Passy, Enfin réunis, L’espoir du Monde, novembre-décembre 1915
- Paul Passy, Le droit du glaive, L’espoir du Monde, janvier 1916
- Paul Passy, Précisions (sur le droit du glaive), L’espoir du Monde, février-mars 1916
- Paul Passy, Rôle providentiel, L’espoir du Monde, juin-juillet 1916
- Paul Passy, La Paix prochaine, L’espoir du Monde, août 1916
- Paul Passy, Réfractaires, L’espoir du Monde, septembre 1916
- Paul Passy, Service civique, L’espoir du Monde, octobre 1916
- Paul Passy, Pour les femmes, L’espoir du Monde, novembre 1916
- Paul Passy, La Pologne ressuscitée, L’espoir du Monde, décembre 1916
- Paul Passy, Réponse aux propositions allemandes, L’espoir du Monde, janvier 1917
- Paul Passy, Lueurs d’Aube, L’espoir du Monde, février 1917
- Paul Passy, Notre étoile, L’espoir du Monde, avril 1917
- Paul Passy, Faut-il courber la tête ?, L’espoir du Monde, mai-juin 1917
- Paul Passy, À un découragé, L’espoir du Monde, juillet-août 1917
- Paul Passy, Le principe, L’espoir du Monde, octobre-novembre 1917
- Paul Passy, Expériences ?, L’espoir du Monde, décembre 1917
- Paul Passy, Jérusalem ! Jérusalem !, L’espoir du Monde, janvier 1918
- Paul Passy, La fin d’un monde, L’espoir du Monde, février 1918
- Paul Passy, Est-ce vrai ?, L’espoir du Monde, avril 1918
- Paul Passy, Qu’est-ce que le socialisme pour des chrétiens ?, L’espoir du Monde, mai-juin 1918
- Paul Passy, Crise grave, L’espoir du Monde, juillet-août 1918
- Paul Passy, Crise grave, L’espoir du Monde, juillet-août 1918
- Paul Passy, Crise ajournée, L’espoir du Monde, septembre 1918
- Paul Passy, Sur tous les terrains, L’espoir du Monde, octobre 1918
- Paul Passy, La délivrance, L’espoir du Monde, novembre 1918
- Paul Passy, Démission, L’espoir du Monde, novembre 1918
- Paul Passy, Noel ! Noel !, L’espoir du Monde, novembre 1918
- Paul Passy, Vers la justice, L’espoir du Monde, janvier 1919
- Paul Passy, La crise du socialisme, L’espoir du Monde, mars 1919
- Paul Passy, Entendons-nous, L’espoir du Monde, avril 1919
- Paul Passy, Précisons encore, L’espoir du Monde, mai 1919
- Paul Passy, L’internationale (texte portant sur la création de la Société Des Nations), L’espoir du Monde, juin 1919
- Paul Passy, Le mirage de la production, L’espoir du Monde, juillet 1919
- Paul Passy, Vers un monde nouveau, L’espoir du Monde, août 1919
- Paul Passy, À quand la cassure ?, L’espoir du Monde, septembre 1919
- Paul Passy, Contrainte ou association ?, L’espoir du Monde, octobre 1919
- Paul Passy, Démocrates socialistes, L’espoir du Monde, novembre 1919
- Paul Passy, Ouvriers et paysans, L’espoir du Monde, décembre 1919
- Paul Passy, Franche Explication, L’espoir du Monde, janvier 1920
- Paul Passy, Chez les paysans, L’espoir du Monde, février 1920
- Paul Passy, Le Socialisme aux champs, L’espoir du Monde, mars 1920
- Paul Passy, Au drapeau, L’espoir du Monde, avril 1920
- Paul Passy, Après le congrès, L’espoir du Monde, mai 1920
- Paul Passy, Socialisme et justice, L’espoir du Monde, juin 1920
- Paul Passy, A Genève, L’espoir du Monde, septembre 1920
- Paul Passy, Paroles d’adieu, L’espoir du Monde, octobre 1920
- Paul Passy, Changement de front, L’espoir du Monde, novembre 1920
- Paul Passy, Socialisme et Tradition, L’espoir du Monde, novembre 1921
References
↑1 | Rufus Hatch (1832-1893) connu sous le nom de « Oncle Rufus », était un financier et un promoteur. En 1854, il est négociant en céréales chez Armstrong & Co. de Chicaco et devient membre du Gold Board et l’un des fondateurs du Chicago Board of Trade. Son premier investissement financier sérieux a lieu en 1862 lorsqu’il a investi 2 000 $ dans des actions de Chicago et du Nord-Ouest, société dont deviendra administrateur. En 1871, il est nommé directeur général de la Pacific Mail Steamship Co. et fait construire deux navires, le City of Pekin et le City of Tokyo. Il est financièrement ruiné lorsque son par la chute des actions de Northern Pacific Railroad en 1883. Il refuse de déclarer faillite et réussi finalement à rembourser ses dettes. A la même époque, il est président de la Yellowtone Park Improvement Compagny, a entrepris y la construction d’un hôtel touristique à Mammoth Hot Springs dans le parc national de Yellowstone |
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↑2 | Les diverses sociétés d’évangélisation qui naissent à partir des années 1830 ouvrent des écoles partout où elles font œuvre d’évangélisation. En France, la Société Évangélique ouvre ainsi une École normale pour former les instituteurs, en 1841, à Paris, rue du Montparnasse ; la Société d’Encouragement pour l’Instruction Primaire parmi les Protestants de France crée également son École normale en 1846 à Courbevoie pour les jeunes gens qui ne fermera ses portes qu’en 1888, puis à Boissy pour les jeunes filles [7]. Le château des Colonnes de Courbevoie qui abritait deux écoles primaires, accueillit de 1846 à 1887 l’unique école normale protestante ayant existé en France. Cette école formera durant sa courte existence plus de 180 instituteurs. |
↑3 | La Mission populaire est née de la rencontre d’un pasteur protestant écossais Robert MAC ALL (1821-1893) et des ouvriers du quartier de Belleville à Paris en 1871, peu après la fin de la Commune et de la répression terrible qui s’ensuivit. Inquiet de la condition du monde ouvrier et de sa déchristianisation, Mac All veut lutter aussi contre l’alcoolisme et les violences familiales. Le désir des ouvriers de connaître une « religion de liberté et de réalité » va conduire Mac All à quitter son pays pour s’installer définitivement en France, où il loue des salles de bistrot, des péniches, des automobiles, des « semeuses » – salles démontables – pour que « la Bible soit lue et expliquée, la prière faite, les Saintes Écritures proposées à tous… ». Le succès de ces réunions dépasse les prévisions les plus optimistes. En 20 ans plus de 50 villes en organisent dans des lieux qu’on appellera « fraternités » ; plus d’une centaine au total. (Source Le musée protestant [11]) |
↑4 | Les massacres Hamidiens, de 1894 à 1896, constituent le prélude, la première série d’actes criminels de grande ampleur perpétrés contre les Arméniens de l’Empire ottoman. Ils eurent lieu sous le règne du sultan Abdülhamid II, connu en Europe sous le nom du « Sultan rouge » ou encore du « Grand Saigneur », qui ordonna des massacres à la suite de révoltes des Arméniens. Le nombre des victimes arméniennes serait d’environ deux cent mille. Jean Jaurès dénonça aussi le massacre des populations arméniennes dans un discours à la Chambre des députés le 3 novembre 1896 (Source Wikipedia). |
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