Dimanche 6 Juin 2011, nous voilà de retour à Veranne, pour le Pilatrail. Cette course avait été pour moi l’an dernier une première expérience de trail « long », habitué que j’étais des trails courts du sud de l’Essonne. Pour une première expérience, et malgrés des conditions pour le moins orageuses (voir mon CR 2010), j’avais été conquis par cette épreuve… et j’avais contracté le dangereux virus du trail de montagne.
Cette année donc, nous étions 4 de la famille au départ : sur le 44km j’étais accompagné de Quentin, et Geoffroy, ainsi que mon beau-frère étaient engagés sur le 21km. Pour ce qui me concerne, l’objectif était double
- le plaisir de courir en famille une super course
- tester mon état de forme et de nouvelles chaussures (Addidas Supernova), en vue d’un ultra en préparation cet été
Préparation :
Revenant sur des terres « connues », j’ai été un peu moins méticuleux que l’an dernier sur la préparation. Deux semaines avant, je jette un petit coup d’oeil sur le site du Pilatrail. Tient, ils ont changé le parcours par rapport à l’an dernier : 2km de plus (de 42km à 44km), 250m de dénivélé positif supplémentaire (de 1850m D+ à 2100m D+). Un petit calcul simpliste et usuel (100mD+ équivaut à 1km de plus, il y aurait donc en plus l’équivalent de 4.5km ). Je finis en 5h37 l’an dernier. Cette année, ça devrait se terminer en 5h37*46,5/42 soit environ 6h13. Bon, il y a quelques autres paramètres dont il faut tenir compte pour fixer un objectif :
(+) la météo était vraiment très dure l’an dernier (super chaud au début, puis super gros orage qui avaient vraiment dégradé les conditions de course dans les deux dernières heures. Cette année, ça devrait aller mieux, ce d’autant que le départ est 45mn plus tôt.
(+) j’ai fait quelques trail longs et un ultra depuis, et j’imagine que ça m’a permis d’engranger de l’expérience. En particulier, j’avais connu des chutes nombreuses et des crampes, qui ne se sont pas reproduites lors de mes trails plus récents
(-) je suis un peu moins bien entraîné (en fait j’ai à peu près le même kilomètrage dans les jambes, mais j’ai du jongler avec des contraintes multiples sur mon emploi du temps et, qualitativement, ma préparation a été moins « construite »)
(-) … et j’ai un an de plus.
Bref, je me convainq que je peux boucler cette course en 6h. Mais quelques jours après avoir fait ce calcul, au moment de faire le paquetage, je me trompe d’une heure et je pars sur l’idée que je vais terminer en 5h ! Effet de l’âge? J’ai zappé une heure…
Côté matériel, je reste sur ma philosophie « Tortue » (être le plus possible en autonomie totale, mais prévue sur 5h !) mais avec quelques nouveautés (New) par rapport à l’an dernier.
- 2 L eau pure dans un camelback, gels sucrés, pâte d’amande, pâtes de fruits
- une petite trousse « survie » de 70g (deux segments d’elastoplaste, deux lingettes desinfectantes, deux « strips » en cas de coupures, un bout de ficelle, un sifflet, une couverture de survie, une bande de contention)
- fiche de parcours plastifiée avec les temps de passage envisagés (sur la base totalement erronée de 5h)
- lunettes de vue
- téléphone (New : dans un sac étanche : l’orage de l’an dernier avait rendu le mien inutilisable)
- New : mon blouson goretex (l’orage de l’an dernier m’a utilement rappelé à ce principe de précaution)
- New : GPS (Foretrex 401)
La course :
L’organisation est toujours excellente, et c’est très rapidement que l’on passe des parkings au départ, via le retrait des dossards.
Section 1 Véranne – Ravitaillement de Saint Sabin (10km)
Un petit tour dans le village (autour du cimetière !). Ca bouchonne un petit peu, mais très vite, le parcours entamme la montée dans les bois. Le chemin forestier est large, ce qui permet au poloton de s’étirer en douceur. Il fait frais dans les sous-bois. La montée est assez franche dans le premier km, puis on part à flanc de côteau jusqu’au km 3. Une petite bosse avant le km 4 puis de nouveau 2km de faux plat montant. Au km 6, on sort des bois et on attaque une montée plus franche vers la chapelle de Saint Sabin, qu’on l’on voit sur une crête, environ 200m au dessus de nous. La montée vers Saint Sabin se fait entièrement dans une « single track » dans laquelle les dépassements sont quasi impossible. Régulière et en pente douce au début, la pente se redresse de plus en plus à l’approche de la Chapelle. On sort de la forêt une cinquantaine de mètres avant la chapelle. Un panneau annonce « photographe » : c’est le moment de faire semblant de se remettre à courir !
Juste après la chapelle, la piste emprunte une « single track » sur une petite crête. La vue est superbe, mais il faut commencer à se concentrer : ça tourne, il y a des pierres et des racines, et ça donne un bon avant goût de ce que seront les prochains 33 km!!!.
Section 2 Ravitaillement de Saint Sabin – Crêt de L’Oeillon (12km)
Moins d’un km après le ravitaillement s’opére la séparation du 44km et du 21km. A partir de là, les coureurs sont nettement plus espacés et la parcours prend un caractère nettement plus « moyenne montagne », ce d’autant que, cette année, nous sommes sous les nuages, voire par moment dans une petite brume. Il fait presque froid… Une première montée sous le Crêt de la botte nous fait déboucher sur les crêtes, que l’on suit en single track sur 3km jusqu’au crêt de la Perdrix. Ca tourne, il y a des pierres… mais on débouche ensuite sur des prairies rases, dans lesquelles le sentier est nettement plus roulant (du km 16 au km 19) jusqu’à la Jasserie. Passé la Jasserie, on descend puis on remonte sous le crêt de la Botte (autre versant), puis on descend et on remonte (presque) jusqu’au crêt de l’Oeillon. Ca tourne, il y a des pierres et des racines…
Section 3 Crêt de L’Oeillon – Les Trois dents (12km)
Du crêt de l’Oeillon, la course suit une crête Sud-Nord globalement descendante vers le Collet de Doizieu puis remonte vers un petit sommet pour ensuite revenir parallèlement – mais bien en dessous- à flanc de côteau. Enfin,ça, c’est dans les grandes lignes. Dans le détail, ça descend, ça monte, ça traverse de longues étendues de pierrailles (les fameux Chirats) à au moins trois reprises. Le tout est très très technique et, la fatigue aidant, de plus en plus physique. Les 3 points de repères principaux (Crêt de l’Oeillon, Crêt de la Perdrix, et Trois dents) ne sont plus visibles : on a tendance à perdre le sens de l’orientation et à se demander où l’on va. Bref, c’est une section que j’ai trouvé très usante et dont il est difficile de mémoriser les détails.
Section 4 Les Trois dents – Véranne (10km)
On aborde les trois dents par en dessous. C’est, je trouve, un peu moins spectaculaire que de les aborder -comme l’an dernier- directement en venant du crêt de l’Oeillon via le Col de l’Oeillon. D’en bas, on voit très nettement les coureurs se détacher sur la ligne de crête. Par trois fois il faut grimper, passer quelques blocs, redescendre à flanc pour attaquer la « dent » suivante. La vue est spectaculaire, mais il faut rester très très concentré. Il y a des cailloux, des racines, des sentiers en dévers, des trous masqués par la végétation. Quelques points délicats sont protégés par des bénévoles, des pancartes et des cordes. Par contre, ça n’est pas vraiment « aérien », et même ceux que le vide inquiète doivent pouvoir passer. La 3ème dent passée, on se dit que ç’est le moment d’entammer la descente vers Véranne. C’était en tous cas comme ça l’an dernier. Que nenni. Cette année, une dernière petite « gâterie » est proposée : on redescend vers le Rocher de Dentillon qu’il faut grimper pour atteindre le dernier ravito. 25m de dénivelé pas plus, mais on râle un peu… pour la forme. Et là, on se dit que c’est fini : on commence à descendre vers Véranne. Que nenni, après avoir descendu 50m, voilà qu’on les remonte pour revenir… au point de départ sous le rocher de Châtillon. Je crois bien que j’ai entendu tous les coureurs autour de moi pester contre ce dernier « coup de cul »… un peu gratuit ! La suite est assez roulante : descente, replat, descente, replat, descente… les trois dernier km sont indiqués par des pancartes. Entrée dans le village. Encore 10m de montée séche, puis c’est la traversée de la rue principale et le portique d’arrivée.
Ma course :
A l’arrivée, je suis en 6h28, 156ème au scratch. C’est nettement moins bien que l’an dernier (124ème) et mon temps est si loin du temps que j’avais en tête (5h !!!) que je suis assez déçu et surtout, je ne comprends pas ce qui s’est passé. C’est la première fois que je suis si loin de mes prévisions initiales. Il faudra attendre le lendemain, et la vue des résultats d’ensemble pour que je comprenne enfin les raisons de cette déception :
1) la course était plus longue, avec plus de dénivelé que l’an dernier, mais elle était aussi nettement plus technique!
Si on fait un simple ratio des difficulté (kilométrage + dénivelé, en comptant environ 1km de plus pour 100m de D+), on trouve en théorie (44+21)/(42+18,5)=7,5% de différence. Si on regarde la moyenne des temps d’arrivée de l’ensemble des finishers, elle est de près de 6h05 cette année contre 5h22 l’an dernier soit 11% de plus. Si on compare les temps d’arrivée de tout ceux qui étaient présents à la fois l’an dernier et cette année (j’en ai compté presque 50), leurs temps moyen s’est allongé de plus de 10%. Bref, le parcours était plus long et nettement plus technique. Cela correspond bien à mes souvenirs : la grande section roulante de l’an dernier avant la montée vers la Chapelle de Saint Sabin a été remplacée par l’Aller-retour vers le collet de Doizieu, qui est beaucoup plus technique !
2) je me trompe carrément de plus d’1h sur les prévisions. Je suis donc parti bien trop vite sur les 2 premières sections (passage à la Chapelle de Saint Sabin en 1h03). Cette erreur de prévision m’a de plus amené à sous-estimer mes besoins en alimentation, d’où une longue période un peu en hypoglycémie et des crampes à partir du 22ème km… que j’ai payées en faisant une fin de parcours escargot. Quand la tortue devient escargot, on ne va pas bien vite!
3) une chute stupide dans une descente, où je m’arrache le genou et surtout… je me fais très peur !
Au total, mon temps s’est dégradé de 13% par rapport à l’an dernier. Ce n’est finalement pas si mal par rapport à la moyenne des coureurs. A noter : les conditions météos ont été parfaites cette année (assez frais en début de course, pas de pluie ni d’orage, terrain humide mais non trempé). Si le parcours est le même l’an prochain et que les conditions sont moins bonnes, il faudra compter sur des temps de parcours encore plus long !
et le reste de la famille ?
Geoffroy termine le 22km en 2h45. Il devance de 5mn son vieux tonton qui termine avec pas mal de crampes lui aussi.
Je lui avais préparé un tableau de marche pour arriver entre 2h30 et 2H45… et il l’a suivi. Il est tout content de sa première expérience et ils ont eu le temps de déguster la très bonne paella des organisateurs, puis de boire moultes bières et oranginas en nous attendant
Conclusions :
Leçon principale : pour éviter une déception à l’arrivée, il faut être plus rigoureux dans l’estimation de son temps de course… Pour le reste, je suis content d’avoir fait la course de bout en bout avec mon fils aîné, qui a eu la gentillesse de rester avec son vieux père très ralenti. Un super merci aux organisateurs, car l’organisation était parfaite de bout en bout. On a même eu droit à un coca lors d’un pointage où aucun ravito n’était prévu.
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