L’association pour la sauvegarde des chemins fr Plouharnel, dont je fais partie, travaille sur la remise en valeur de l’ancien chemin qui reliait Auray à Plouharnel, avant que l’actuelle D768 n’atteigne Plouharnel, en 1846. En menant quelques recherche sur l’histoire de cette route, je suis tombé sur une curiosité : deux romans feuilletons parus en 1902 et 1906 situent sur cette route, à droite en arrivant à Plouharnel, un château flanqué de 4 tours d’angle. Ce château (Château des Roches Carencey ou Château de la Rochebriant selon les sources) n’a jamais existé que dans l’imagination des auteurs de ces romans feuilletons, mais la description des paysages qui les entourent en dit long sur l’imaginaire associé par les auteurs à cette route et à la Bretagne.

En suivant la route qui d’Auray s’allonge vers Quiberon, une lieue environ avant qu’elle n’atteigne la presqu’île de sinistre mémoire, se détache à droite un chemin rocailleux et profondément encaissé. Il serpente à travers un bois de maigres sapins dont les racines semblent avoir peine à s’accrocher sur les sables et les pierres de la lande. De larges espaces dénudés laissent voir ça et là des bruyères et des ajoncs, et leurs fleurettes roses ou jaunes défient la vaste et monotone étendue de la sapinière. Lorsqu’on a suivi pendant un kilomètre environ la raboteuse traverse, on se trouve brusquement devant une vaste étendue de Lande. À l’extrémité de cette lande se dresse un château : les Roches de Carancey. Il est fameux dans tout le Morbihan, ce mesnil, et certes, à beaucoup d’égards, il mérite son renom. C’est un édifice construit aux premiers jours du seizième siècle, au temps de cette reine Anne dont les Bretons parlent encore avec émotion. Quatre tours massives et qui rappellent par leur structure le fameux donjon de Quy-qu’en-Grogne, à Saint-Malo, flanquent un corps de logis au toit allongé et aux fenêtres de style flamboyant. Les tours ont conservé leur couronne de créneaux et de mâchicoulis. Toutefois, divers changements ont modifié l’aspect féodal du château. Le balcon de fer ouvragé court le long de la façade, desservant tous les appartements du premier étage. Les douves, qui jadis enserraient le château, ont été comblées et remplacées par un par terre où de maigres rosiers et de chétives renoncules s’efforcent péniblement de croître. Sur la face septentrionale du château s’étend une autre lande que bien en vain d’ailleurs, les châtelains de Carancey ont essayé de transformer en parc anglais. Quelques cèdres pourtant s’épanouissent en parasols sut la bruyère et l’ajonc. Et par-delà de cette bande s’étend à perte de vue, mystérieuse, lugubre, sinistre, une vaste chênaie. C’est une véritable forêt, qui passe pour être hantée par des esprits malfaisants et peuplée de korrigans et de farfadets. Le Petit Parisien, 3 août 1902, p. 2/6 — Source Retronews

Sur la route d’Auray à Carnac, un peu avant d’arriver à Plouharnel, on peut apercevoir à droite une longue avenue de chênes. Nus et rabougris comme tous ces arbres bretons que sans cesse flagellent les bises de l’océan, ils s’allongent vers un antique manoir qui s’élève à l’orée d’une vaste lande. C’est le château de la Rochebriant. A première vue il serait difficile d’établir la date de sa construction. Flanquée sur les quatre angles de tourelles poivrières, sa façade pourtant est une lourde bâtisse où la brique et la pierre, alternant, dénoncent l’époque d’Henri IV et les dernères convulsions de la Ligue dans le duché de Bretagne. L’Ouest-Éclair, 16 sept. 1906, p. 2/8 – Source Retronews
